Covid 19, variole du singe, Zika et tant d’autres. Va-t-on faire face à l’augmentation des maladies infectieuses? Le réchauffement climatique est-il directement impliqué dans la prolifération des virus? Comment protéger les populations? Les réponses du Dr Mériadeg Le Gouil, virologue et chercheur à l’université de Caen, superviseur du programme DisCoVer.

 

Doit-on s’attendre à de nouvelles pandémies ?

Oui. Tout changement influe sur les maladies. Les changements globaux produisent un impact sur les animaux, les plantes et sur les maladies qui circulent entre eux. Ces dernières décennies, nous observons une augmentation des phénomènes d’émergence.

Phénomène d’émergence?

L’émergence est une succession d’événements qui facilitent le passage des micro-organismes d’une espèce à une autre. Ce phénomène répond à des perturbations. Dans un écosystème à l’équilibre, la circulation des micro-organismes ne pose pas de problèmes parce qu’ils infectent des hôtes qui ont développé un mode de vie ou des réponses génétiques et immunitaires qui leur donnent les moyens de lutter et de vivre avec ces virus. En cas de perturbation, la composition de l’écosystème se modifie. La diversité diminue et les espèces restantes présentent plus de risques de laisser circuler un pathogène parce que la fréquence de contact entre les espèces sera plus importante. La perte de l’habitat, par exemple, est une perturbation très importante. Les espèces sont obligées de se déplacer et d’en rencontrer d’autres qui ne cohabitaient pas. Là encore, la probabilité de rencontre d’un pathogène augmente.

Les virus profitent-ils de l’augmentation des températures en France?

À l’échelle du globe, le changement climatique est devenu majeur. Ses premiers effets sont des changements physiques: taux de gaz dans l’atmosphère, fonte des glaces aux pôles… S’ensuit immédiatement une modification de la distribution de certaines espèces en raison des changements de températures. L’exemple le plus emblématique est la tendance de certaines espèces d’insectes à remonter vers le nord. Le moustique tigre, notamment. La dengue en France, c’est une possibilité, alors qu’elle n’était pourtant principalement présente que dans les seules zones tropicales. Dans le cas de la variole du singe, le réchauffement climatique n’est pas directement responsable de l’apparition de ce vieux virus sur notre continent. Là, c’est plutôt l’augmentation des échanges intercontinentaux qui est en cause.

Comment prévenir le développement de nouvelles maladies en France?

Pour se préparer au changement, il est nécessaire de lancer des études pour savoir comment, à quelle vitesse et dans quels endroits ses effets vont se faire sentir en premier. Pour donner un exemple, la maladie de Lyme nous vient des autres pays d’Europe et est plutôt présente dans l’est de la France avec l’augmentation de la diffusion des vecteurs: les tiques. D’autres virus sont portés par les moustiques dans le sud de la France. Il faudra ensuite faire connaître le résultat de la recherche à la population pour qu’elle adapte ses comportements. Nous n’avons pas « la culture de la piqûre de moustique », nous nous protégeons peu.

Propos recueillis par Marie Sanchis

 

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