« L’ampleur des changements récents dans l’ensemble du système climatique est sans précédent depuis des siècles. Il est incontestable que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, les océans et les terres », avertit – une énième fois – le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Les climatosceptiques diront que les chercheur·ses qui le composent se réduisent à des idéologues. Ils·elles fermeront les yeux peut-être aussi sur les inondations en Allemagne, Belgique et même en France, les mégafeux qui ont ravagé des zones entières au sein de pays méditerranéens, des températures de 50 degrés enregistrées aux États-Unis ou au Canada. Le climat se dérègle, partout. Y compris en France. Bien sûr ce pays ne manque pas d’atouts pour négocier au mieux son virage dans la transition écologique. Plan France Relance, aides de l’État pour accompagner la transition des Français·es, et toutes ces entreprises qui montrent déjà la voie… Tour d’horizon.

C’est en juillet 2020 que le président de la République évoque pour la première fois le plan France Relance. Un plan massif de 100 milliards d’euros sur deux ans qui s’inscrit dans le cadre du « quoi qu’il en coûte » cher à Emmanuel Macron. En plus de relancer l’activité économique, bien ralentie par la crise sanitaire, le gouvernement entend bien préparer la France de 2030. Parmi les 100 milliards, 30 sont dédiés à la transition écologique ! Mais dans les faits, comment ces milliards se concrétisent ?

Parmi les 100 milliards d’euros du plan France Relance, 30 sont dédiés à la transition écologique !

1. Le succès de MaPrimeRenov’

Installation d’un système de ventilation efficace, isolation des combles ou bien remplacement d’une vieille chaudière… Voilà deux ans que le dispositif MaPrimeRenov’ soutient financièrement les Français·es engagé·es dans des travaux de rénovation énergétique. Résultat ? un grand succès, mieux que les objectifs ! Près de 800 000 dossiers à valider d’ici à la fin de l’année quand le gouvernement prévoyait de soutenir 400 000 particuliers. À la clé, déblocage d’une enveloppe supplémentaire de 2 milliards d’euros. Le montant de la prime – à destination de tous·tes les propriétaires – varie selon les revenus. On l’estimait aux alentours de 4 000 euros il y a un peu plus d’un an, il pourrait en moyenne légèrement diminuer. Et quand pensent les Français·es ? Selon une enquête d’opinion réalisée par l’institut Ipsos en janvier 2021, plus de 95 % des bénéficiaires de MaPrimeRénov’ sont satisfait·es du confort de logement après travaux, du rapport qualité-prix des travaux et des relations avec les entreprises parties prenantes du chantier. Alors forcément, le dispositif méritait sa reconduction, au moins jusqu’en 2022

Impact : comme le justifient les grands argentiers, le surcroît d’activité procuré à des milliers de professionnels du bâtiment et des équipements compense largement l’« investissement » en question.

2. Des aides à l’achat de véhicules propres

Accompagnement financier pour les logements privés, aides aussi à l’achat de véhicules propres. Les émissions moyennes des véhicules immatriculés en 2020 ont baissé par rapport à 2019 – « passées de 96,8 g/km contre 111,5 g/km », lit-on sur le site du ministère de la Transition écologique. Et pour cause, les Français·es se tournent de plus en plus vers les véhicules propres, électriques et hybrides rechargeables. Conscient·es que le « thermique » est condamné à moyen terme : la loi d’orientation des mobilités, publiée au Journal officiel en 2019, prévoit la fin des ventes de voitures à énergies fossiles carbonées d’ici à 2040. Surtout, les aides financières de l’État facilitent les changements de voitures, grâce notamment au bonus écologique ou à la prime à la conversion. Pour le bonus écologique par exemple – et dans le cas d’une voiture 100 % électrique limité à 27 % du prix d’acquisition –, le bonus va jusqu’à 6 000 euros pour un particulier et jusqu’à 5 000 euros pour une entreprise. L’aide pourrait, hélas, décroître de 1 000 euros dès janvier 2022.
La mobilité constitue un des thèmes essentiels de la transition écologique puisque le secteur des transports se trouve responsable de 38 % des émissions de CO2. La France pourrait aussi s’appuyer sur de judicieuses initiatives comme ce fut le cas lors du « coup de pouce vélo » – une aide de 50 euros pour faire réparer sa bicyclette auprès de magasins répertoriés sur la plate-forme du même nom. La prime a abouti à presque deux millions de réparations. Le gouvernement l’a sans doute compris, certains ménages ne peuvent tout simplement pas – souvent faute de moyens – changer brutalement leurs façons de se déplacer. Les aides de l’État rendent possibles d’autres mobilités.

L’autre atout, les énergies renouvelables en France sur la bonne voie…

Dans un pays « décarboné » par un parc de centrales atomiques non émettrices de CO2 mais confronté aux inévitables démantèlements dans l’avenir, on investit dans le renouvelable en dépit des réticences. Mais la raison prévaut : entre la pollution esthétique d’une éolienne et les risques nés d’une « bouilloire » à l’uranium et ses déchets quasi éternels, le monde est en train de faire « le bon choix ».

En 2020, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie atteint 19,1 %. Soit 10 points de plus par rapport à 2005 grâce aux forts développements de l’éolien et des biocarburants. La suite ? Augmenter la part des EnR à 32 % de la consommation finale brute d’énergie en 2030 (dans le cadre de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, LTECV).

Source : calculs Service des données et études statistiques (SDES).

Impact : la transition est en route sous l’effet combiné d’une contrainte, d’une prise de conscience et de primes de conversion qu’il faudra pérenniser. Les constructeurs auto auront du mal à gérer une telle conversion de leurs usines, talonnés au surplus par certains des GAFAM attirés par l’énormité des marchés. Dès 2019, 2,8 millions de voitures 100 % électriques et hybrides rechargeables ont été fabriqués dans le monde, 800 000 de plus par rapport aux premières projections.

3. Le rôle crucial des entreprises

Nos entrepreneur·ses doivent aussi montrer l’exemple. Car si les Français·es sont encouragé·es à changer leur façon de se déplacer, les entreprises demeurent tout autant poussées à revoir leur modèle ! Nombre d’entre elles l’ont déjà compris qui tentent au quotidien de réconcilier business et écologie – non, les termes n’ont rien d’un oxymore, convainquons-nous en. C’est le cas de Back Market, la licorne française qui surfe sur le marché du reconditionné – estimé à plus de 50 milliards d’euros dont 22 milliards pour les seuls smartphones. Reprendre des appareils électriques et électroniques, les réparer, puis les revendre, un business vertueux pour la marketplace. Elle n’est pas la seule, l’entreprise SOS Accessoire créée par Olivier de Montlivault plaide pour « réparer plutôt que jeter » ! Et d’autres « recycleurs » se créent.

Les aides financières de l’État facilitent les changements de voitures, grâce notamment au bonus écologique ou à la prime à la conversion.

Les toutes jeunes pousses aussi entreprennent avec la même volonté de préserver l’environnement : citons Carbon Saver. Nous l’appelions « le nutriscore du bâtiment » dans un précédent article pour ÉcoRéseau Business. Le bâtiment, voilà de nouveau un secteur qui doit se réinventer : « Responsable de 45 % de la consommation énergétique et de 27 % des émissions de CO2 sur le sol français », révélait en 2018 une étude du ministère de la Transition écologique. Pour inverser la tendance, Carbon Saver propose le Bat’Impact, une forme d’évaluation environnementale des éléments propres à un projet architectural. Soit une manière d’orienter les architectes vers des projets plus écoresponsables.

Impact : il s’agit de la ligne éditoriale assumée de GreenID : loin de certains dogmes écolos (pas tous) qui prônent une décroissance suicidaire, l’avenir d’une nouvelle croissance passe par les entrepreneurs qui s’adaptent toujours aux modèles depuis la Révolution industrielle. Reste à tempérer les ardeurs des défricheurs de forêts en inventant la nouvelle rentabilité agricole dans le monde. Pour cette raison, il est urgent de f… la paix aux industriels qui s’engagent dans la transition par la force des choses.

La France détient toutes les cartes pour accélérer – toujours plus – sa course dans la transition écologique.

« Nous sommes le salon du défi pour l’humanité »

Pour le directeur depuis deux ans du rendez-vous bisannuel désormais fixé à Lyon, le défi est aussi personnel puisqu’il s’agit de sa première édition sur le terrain de ce salon créé il y a plus de 40 années. 2 200 exposants, 400 conférences, 128 pays et 70 000 professionnels en quête de solutions…

À un moment où la transition énergétique, climatique s’impose à tous, Pollutec n’a-t-il pas vocation à s’annualiser ?

L’édition lyonnaise a toujours trouvé son public selon cette périodicité tous les deux ans qui correspond au rythme des entreprises et des innovations. Simplement, ce sera désormais chaque année impaire, contrairement à naguère. Prochaine édition en 2023.

Les thématiques donnent le la des tendances…

Le comité d’organisation bien représentatif des secteurs en a choisi cinq cette année : la décarbonation industrielle, la biodiversité dans le business model des entreprises, la gestion des ressources en eau, la lutte contre l’artificialisation des sols, la gestion des biodéchets.
Le directeur de Pollutec est-il optimiste pour l’avenir durable ?
Très optimiste au vu des émergences de solutions, de la richesse des innovations – plus de 170 cette année. Plus inquiet sur le rythme de l’appropriation de la transition. Or la relance économique passe par l’environnement, le temps presse.

Les entreprises ont quoi devant elles, un an, cinq ans ?

Non ! C’est maintenant ! Il faut tout de suite révolutionner l’énergie dans les industries, les transports, nos modes de vie. C’est le défi pour l’humanité, il relève d’une complexité inouïe. L’Europe sera le premier continent décarboné par ses entreprises leaders. Il lui faut faire le deuil de ses anciens marchés planétaires, du spatial au militaire.

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