Une profession de foi et un sondage, l’une émane du collectif de grandes entreprises engagées – l’Institut de l’entreprise –, l’autre d’un collectif militant, Plus jamais ça. Entre les propositions de l’un et le sondage de l’autre, il existe pourtant des similitudes… Les intertitres sont de la rédaction, les tribunes libres des intervenants n’engagent pas GreenID.

Les solutions RSE et environnementales passent par les entreprises

Un think tank des grandes entreprises, l’Institut de l’entreprise, a donné des pistes aux candidat·es. Pas n’importe quel groupe de réflexion, celui des 130 entreprises internationales françaises. Or dès 2017, son président actuel, Antoine Frérot, PDG de Veolia, a voulu recentrer la matière grise dudit Institut sur la relation entre l’entreprise et son environnement. Son objectif : promouvoir l’utilité de l’entreprise dans la vie économique et sociale. Antoine Frérot en livre la philosophie et les pistes de réflexion.

Antoine Frérot
Antoine Frérot, Président de l’Institut de l’Entreprise et PDG de Veolia

Les crise écologique, fractures économiques et sociales, chômage, endettement public, égalité femmes/hommes, intégration de toutes les générations dans le monde du travail… autant de défis qui préexistaient à la pandémie de covid- 19, qu’elle a souvent mis en lumière, parfois même aggravés, mais que la décrue sanitaire n’emportera pas avec elle. Parce que la perception de leur contribution à l’intérêt général progresse auprès des Français, les entreprises sont aujourd’hui considérées comme des acteurs majeurs pour relever ces défis. Deux Français·es sur trois estiment que les entreprises ont le pouvoir d’améliorer le monde actuel. 56 % pensent que les entreprises doivent prendre en compte « les citoyens dans leur ensemble », et donc la société, pour orienter leurs choix et actions.

Depuis la crise de 2008, les entreprises sont en effet nombreuses à s’être engagées dans une ère post-RSE de mise en cohérence de leurs responsabilités au sein de la société avec leurs modèles d’affaires et leurs pratiques professionnelles. Revendiquant une performance plurielle, elles ont apporté des réponses concrètes à des sujets majeurs de préoccupation : la réhabilitation de l’apprentissage comme voie d’accès à l’emploi pour de nombreux jeunes ou leur préoccupation environnementale grandissante en sont des exemples marquants. Les entreprises ont d’ailleurs prouvé, durant la pandémie de covid-19, qu’elles étaient à la hauteur de ces attentes, qu’elles étaient capables de changer la donne. Les respirateurs et le gel hydroalcoolique manquaient, elles ont reconverti leurs chaînes de production pour en fabriquer.

Les stocks de masques étaient vides, elles ont réalisé des prouesses logistiques pour en acheminer. L’accès à certains besoins, essentiels ou non, était entravé, elles ont adapté leurs offres pour que tous y aient accès. Aussi, ont-elles dessiné en un temps record une perspective de sortie de crise. Leur capacité d’innovation, leur agilité opérationnelle et la viabilité de leurs modèles de financement mettent les entreprises en capacité de réellement changer la donne. Face aux défis contemporains, elles entendent continuer à le prouver.

Les 4 thématiques majeures

Cinquante présidents-directeurs généraux, directeurs généraux et membres de comités exécutifs, issus d’entreprises de toutes tailles et de tous secteurs – dont 6 du CAC40 –, se sont réunis pour élaborer des propositions sur quatre thèmes identifiés comme majeurs aux yeux des Français : l’employabilité, la qualité de vie au regard des nouvelles organisations du travail, l’association des collaborateurs à la réussite économique de l’entreprise et la transition énergétique et climatique. Pour retrouver le détail de la démarche, « Ce sont ces propositions que nous soumettons aujourd’hui au débat public, en espérant qu’elles puissent nourrir les programmes des candidats à l’élection présidentielle, qui seraient bien inspirés, comme le réclament les Français, de donner aux entreprises les moyens d’agir plus encore dans le sens de l’intérêt général. »

Paul Allibert, directeur général de l’Institut de l’Entreprise

Les Français·es en attente de mesures ambitieuses en matière écologique et sociale

Quelle est la perception des Français·es d’une transition écologique et sociale juste ? La question posée par Plus jamais ça – « la fausse opposition entre fin du mois et fin du monde » – montre que « les Français·es sont convaincu·es que justice sociale et écologie sont compatibles, mais ne font pas confiance aux politiques ou aux grandes entreprises pour enclencher la transition ».

Collectif Plus jamais ça, fondé par Les Amis de la terre, Attac, la CGT, la Confédération paysanne, la FSU, Greenpeace, Oxfam France, Solidaires.
Collectif Plus jamais ça, fondé par Les Amis de la terre, Attac, la CGT, la Confédération paysanne, la FSU, Greenpeace, Oxfam France, Solidaires.

Quand on leur demande quelles seront les conséquences économiques et sociales de la transition écologique, les Français·es sont spontanément inquièt·es. Ils et elles ressentent un manque de prise en compte de ces enjeux par les responsables politiques et les médias : 60 % des Français·es estiment d’ailleurs que les candidat·es à la présidentielle ne prennent pas bien en compte les thématiques sociales et environnementales. Pire, quand on leur demande en quels acteurs ils et elles ont confiance et qui proposent des solutions concrètes, les politiques et les dirigeant·es des grandes entreprises arrivent grands derniers. Ce constat est inquiétant car les défis auxquels nous sommes confronté·es requièrent un changement systémique qui doit être porté au plus haut niveau.

Pourtant, les Français·es croient fortement qu’une transition vertueuse est nécessaire. 85 % d’entre eux et elles pensent qu’un juste équilibre entre création d’emploi et lutte contre le réchauffement climatique peut être mis en place. Les opportunités pour créer des emplois porteurs de sens, relocalisés et mieux rémunérés ne manquent d’ailleurs pas.

Soutien financier massif

En ce sens, il ressort clairement que les sondé·es soutiennent très fortement des mesures de justice sociale pour répondre aux inégalités et à l’urgence environnementale et climatique. Lors du prochain quinquennat, une large majorité indique qu’il est tout à fait prioritaire d’investir massivement pour baisser la facture énergétique des plus pauvres (59 %), d’augmenter le Smic (61 %) mais aussi de favoriser l’accès à une alimentation saine et de qualité (61 %), freinée par un manque de moyens financiers. La transition ne se fera pas sans soutien financier massif pour la rendre accessible à tous et toutes. Penser une transition écologique et sociale juste est encore possible et le prochain quinquennat sera déterminant à cet égard. Les inégalités explosent, la France a été doublement condamnée pour non-respect de ses engagements climatiques : c’est maintenant qu’il faut agir.

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