L’investissement durable a le vent en poupe depuis la signature de l’Accord sur le climat en 2015. Institutions, entreprises et investisseurs sont censés unir leurs efforts pour parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050. Dans ce contexte, la finance verte s’impose dans le paysage et participe à la transition écologique globale.
Fin 2020, selon les dernières données de l’AFG – Association française de la gestion financière –, les encours de la finance responsable s’élevaient à 1 587 milliards d’euros. La prise en compte des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et Gouvernance) dans la constitution des portefeuilles tend à se généraliser. Résultat, les fonds capables d’afficher des ambitions durables se multiplient jusqu’à susciter la méfiance sur la sincérité de leurs engagements. Les régulateurs ont rapidement pris conscience du risque de « greenwashing ». De trop nombreux flux financiers ne participent pas systématiquement au financement de la transition écologique.
De même, la méthodologie de sélection de valeurs manque parfois de rigueur. Pour séparer le bon grain de l’ivraie, le régulateur a mis en oeuvre une taxonomie européenne, soit la classification des activités économiques pour identifier ce qui est « vert » et ce qui ne l’est pas. Le règlement Disclosure appliqué depuis le 10 mars 2021 dans les pays membres de l’Union européenne définit trois familles de produits connues sous les noms d’article 6, article 8 et article 9.
Règlement pour finance responsable
Les articles 6 concernent l’ensemble des fonds qui dans la construction de leur portefeuille ne prennent pas en considération les critères extra-financiers. À l’inverse, les articles 8 et 9 intègrent les critères ESG dans leur méthodologie d’investissement.
Nous avons le devoir de sensibiliser nos clients et parties prenantes à la complexité du déploiement de ce dispositif et de les informer des limites méthodologiques actuelles.
Coline Pavot, La Financière de l’Échiquier
Mais à la différence des fonds article 8, les fonds articles 9 vont plus loin en poursuivant un objectif extra-financier précis, comme la lutte contre le dérèglement climatique ou encore la préservation de l’eau. Les gérants sélectionnent les entreprises les plus engagées sur cette thématique, celles qui mettent en place des pratiques vertueuses dans la conduite de leur activité ou des entreprises innovantes qui développent des solutions durables. Et cet été, dans le cadre de la révision de la réglementation MIT 2 sur les produits ESG, les gérants devront interroger chaque client sur ses préférences. Est-il plus sensible à la protection de la biodiversité, au respect des droits humains ? etc.
Un outil pour la transition
Pour autant, cette mise en pratique reste délicate en raison notamment de la grande hétérogénéité des données fournies par les agences de notation et du reporting de sociétés d’abord attirées par la promesse de capitaux. Pour donner réellement confiance, certains gérants d’actifs comme La Financière de l’Échiquier promettent d’aller au-delà de la seule réglementation. « Nous avons le devoir de sensibiliser nos clients et parties prenantes à la complexité du déploiement de ce dispositif et de les informer des limites méthodologiques actuelles », écrit dans une tribune Coline Pavot, responsable de la recherche Investissement responsable chez La Financière de l’Échiquier. Plus que jamais, la finance responsable ne doit pas se voir comme un eldorado, mais bien comme un outil de préservation de la planète. Aussi, comme le démontrent les conséquences du conflit ukrainien, le moyen le plus vertueux de gagner notre indépendance énergétique.
Pierre-Jean Lepagnot