ESG
Bertrand Desmier, Expert RSE associé de Tennaxia

L’objectif de la notation ESG* était de ramener la gestion financière aux fondamentaux de l’économie réelle. Or, force est de constater que les impacts réels des entreprises sur un plan environnemental et social ne sont pas véritablement évalués. Un comble, alors que les entreprises sont invitées à contribuer activement aux transitions énergétiques et écologiques, justement compte tenu de leur impact.

 

La notation ESG fait l’objet d’incessantes controverses depuis des mois. Critiques sur les méthodologies mises en œuvre, manque de transparence des notations ou encore absence d’approche sectorielle. De très nombreux observateurs appellent à une normalisation des critères ESG. Pour le moment, c’est le reporting de durabilité des entreprises qui fait l’objet de travaux de normalisation. Le hic, c’est qu’il existe une divergence majeure entre l’approche européenne et celle des Anglo-Américains avec l’International Sustainability Standards Board (ISSB), présidée par… un Français!

L’ISSB entend ne retenir que l’évaluation des risques que l’environnement et la société font peser sur le modèle d’affaires de l’entreprise. Il s’agit là de la matérialité financière. Quand l’Europe exige d’y ajouter l’analyse des impacts de l’entreprise sur l’environnement et la société. Soit la double matérialité (travaux menés par l’Efrag).

Quand Bloomberg révèle qu’une agence de notation a relevé la note de McDonald’s pour avoir amélioré certaines de ces politiques environnementales, alors même que ses achats de bœuf produisent plus de gaz à effet de serre qu’un pays comme le Portugal, peut-on encore trouver parfaitement logique et légitime de ne pas prendre en compte cet impact sur le changement climatique?

Dire que non, n’est ni faire preuve d’anticapitalisme ni faire preuve d’antiaméricanisme, pas plus que critiquer stupidement cette entreprise. C’est simplement s’interroger sur la durabilité du modèle. Quand l’Europe veut promouvoir la double matérialité, ce n’est pas pour instituer un protectionnisme stérile. Il ne peut tout simplement pas y avoir de lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité, sans prendre en compte l’impact des entreprises sur l’environnement.

*Environnement social et gouvernance

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