Devenir spécialiste de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et du développement durable (DD) ne s’improvise pas. Petit tour d’horizon des formations disponibles, un marché en tension où les places sont nombreuses quand les diplômé·es s’arrachent à prix d’or…

Depuis le vote de la loi Pacte en 2019, les entreprises ont l’obligation d’intégrer à leur stratégie des objectifs environnementaux et sociétaux. La loi crée au passage la « société à mission » en rupture avec l’objet capitaliste unique du profit. Une entreprise déclare sa raison d’être à travers plusieurs objectifs sociaux et environnementaux. Pour répondre à ces nouvelles contraintes légales, imposées peu à peu aux entreprises, les acteur·rices de la formation doivent adapter leur offre et répondre aux nouvelles contraintes du marché du travail.

Une spécialisation indispensable

Le métier de la RSE devient affaire de spécialiste, formation costaude à la clé. Plus encore, le diplôme est déterminant ! C’est ce que défend Caroline Genoux, fondatrice de Birdeo, un cabinet de recrutement en DD et RSE, auteure de Comment faire carrière dans les métiers de la RSE et du développement durable (VA Édition, 2018).

Le métier de la RSE devient affaire de spécialiste, formation costaude à la clé.

« Développement durable ou pas, les prérequis pour accéder au marché du travail français sont les mêmes : un bac +5 minimum et un anglais impeccable, à l’écrit comme à l’oral. Là où tout se complique, c’est que la notion de “bonne” formation initiale en France est assez orientée. Il existe dans notre pays une culture académique – voire élitiste – qui se traduit par une fascination pour les diplômes. » Une chose est sûre, les heureux·ses détenteur ·rices d’un sésame ont toutes les chances de trouver rapidement un poste, demande oblige.

Les trois piliers des formations DD et RSE

Les formations spécialisées en DD et RSE passent par les trois thématiques les plus impactées par la démarche environnementale. À commencer par le management et la série de risques pris en compte pour améliorer la qualité de vie sur le lieu de travail : harcèlement, discrimination, égalité hommes femmes, conditions de travail, égalité salariale. L’étude de l’impact environnemental sera le second pilier, avec accent mis sur la maîtrise des outils juridiques. Enfin l’aspect économique de la formation intégrera dans les indicateurs de performance des critères extra-financiers ou des investissements socialement responsables (ISR).

Formations à la traîne

Nombre de cabinets de conseil en RSE voient leur développement bloqué par le manque de diplômé·es face, en une année, à la multiplication d’un facteur 3 du nombre des directions RSE. D’un côté, les exigences réglementaires se renforcent pour les entreprises, de l’autre, les étudiant·es sont encore peu sensibilisé·es à ce type de poste, tandis que les formations spécialisées commencent à se mettre en place. Quand les formations spécialisées se multiplient et se structurent, les formations généralistes tardent à intégrer les nouvelles réglementations.

Une étude Ekodev de mars 2021 révèle qu’une majorité des entreprises font aujourd’hui appel à des compétences externes en matière de DD et de RSE. 64 % en passent par de l’expertise technique (cabinets de conseil, experts), 50 % dans le cadre d’un processus de certification ou d’audit, 40 % se fient à la vision et à l’expertise d’associations et d’ONG. Si le marché reste en tension, c’est parce que ces métiers en appellent à de réelles compétences techniques : intégration de la notion de cycle de vie en matière de marketing, critères ESG en finance, sourcing, reporting extra-financier… autant de connaissances qui ne s’inventent pas.

Formation initiale : le boom des masters spécialisés

Les masters et MBA spécialisés dans la RSE sont devenus un incontournable de l’offre des business schools, IAE, universités et autres organismes de formation. Eduniversal, l’agence d’évaluation de l’enseignement supérieur mondial établit depuis quelques années un classement annuel des meilleurs masters et MBA spécialisés en RSE selon quatre critères majeurs : la notoriété de la formation, le salaire, les débouchés et le degré de satisfaction des étudiant·es formé·es. Au top 3 des formations françaises 2021, on trouve le MBA Management de la RSE et Performance des organisations de l’Institut Léonard de Vinci (1er), le master 2 Management de la RSE de l’IAE Gustave Eiffel (2e), le master Développement durable et responsabilité des organisations de l’Université Paris Dauphine-PSL (3e).

Un classement bienvenu pour aider les candidat·es dans leurs choix, confronté·es, au fil des mois, à la concurrence des offres. À ce jour, la plupart des organismes de formation proposent au moins un master ou MBA spécialisé en Développement durable et RSE. Ces formations s’adressent aux futur·es spécialistes du secteur. La formation dure 12 à 36 mois et forme des managers aptes à conduire le changement au sein d’une organisation.

Mooc et formations courtes

Tous·tes les salarié·es et dirigeant ·es d’une organisation n’ont pas vocation à devenir spécialistes en RSE. Il est toutefois utile pour le top management d’en comprendre les enjeux. Une formation courte suffit. Par exemple sous la forme d’un Mooc (Massive open online course, cours en ligne ouvert et massif).

Tous·tes les salarié·es et dirigeant·es d’une organisation n’ont pas vocation à devenir spécialistes en RSE. Il est toutefois utile pour le top management d’en comprendre les enjeux.

Harvard Business School Online propose la formation Sustainable Business Strategy, le Cambridge Institute for Sustainability Leadership aligne son Strategic business and sustainability leadership workshops for executive. Des formations en français sont également disponibles sur la plate-forme France Université numérique (FUN). Les Mooc y printemps 2022 51 sont proposés par des grandes écoles ou des universités françaises : Cnam, Université Paris I Panthéon Sorbonne, etc. Pour acquérir une formation plus poussée, à mi-chemin entre le Mooc et le master, certains organismes de formation ou de certification proposent des formations intensives sur des périodes courtes de 10 à 50 jours. C’est notamment le cas du Cegos ou d’Afnor. Une bonne entrée en matière pour accompagner le changement !

Marie Bernard

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