Un Français consomme environ 149 litres d’eau par jour dont près de 80 juste pour se doucher. Un constat auquel s’attaquent sans relâche les start-up de la watertech. Tour d’horizon des initiatives les plus prometteuses pour faire la chasse au gaspillage de l’eau.

Une minute sous la douche, et déjà 20 litres d’eau potable se sont écoulés par le typhon. Le calcul se fait alors très vite, pour une douche rapide de 3 à 5 minutes, la consommation oscille entre 60 et 100 litres. Il s’agit-là d’un point d’amélioration sur lequel les particuliers peuvent devenir plus économes. Ils le deviendront évidemment avec l’aide des entrepreneurs les plus innovants… À ce propos, la watertech fourmille de projets pour les aider à améliorer l’ensemble de leur processus d’utilisation de l’eau, de sa récupération jusqu’à son recyclage en fin de parcours.

Récupérer l’eau, une première étape cruciale

Avant même de s’intéresser à comment économiser l’eau, certaines start-up cherchent de nouvelles manières d’en récupérer. Et déjà là, il y a plusieurs façons de le faire, tant l’eau est partout autour de nous. C’est d’ailleurs ce constat qui a motivé l’arrivée de Home Atmospheric Water, une start-up grimaudoise (83).

En 2017, après des années de recherches, Jacques Benveniste présente enfin son innovation : une machine autonome qui fournit de l’eau à partir de l’air. Loin du tour de magie, sa solution s’appuie principalement sur la condensation. Deux ans plus tard, le premier prototype voit le jour. Et en 2024, l’entreprise prévoit l’ouverture de sa première usine.

Concrètement, l’idée est de se rappeler quelles sont les méthodes d’extraction d’eau potable peu ou pas exploitées. L’usine de Home Atmospheric Water prévoit même de récupérer jusqu’à 100 000 litres d’eau de manière journalière avec son système de condensation. Leur premier supporter ? La mairie de Grimaud, là où est né le projet. Mais Jacques Benveniste ne veut pas s’arrêter là. L’entrepreneur a récemment fait un tour à l’Élysée pour y présenter son projet. Gage de sérieux.

Aujourd’hui l’ARS (Agence régionale de santé) n’a pas encore validé la consommation de cette eau. Mais si cela s’avère être le cas prochainement, notre entrepreneur pourrait ainsi la vendre en bouteille ou même s’en servir pour prévenir des incendies : « Nos machines peuvent être couplées à des citernes et être installées dans la forêt », projette-t-il. Pour le moment, l’idée n’est pas d’user de l’eau d’Home Atmospheric Water pour se doucher, mais si le projet se concrétise, il pourrait bien atteindre toutes les strates de l’utilisation de l’eau dans
le quotidien des Français.

Hydrao ? Des pommes de douches connectées qui changent de couleur et ainsi nous
préviennent quand on abuse

Des pommeaux pédagogiques

Une fois que l’on sait comment récupérer de l’eau de manière efficace, on peut passer aux méthodes pour l’économiser. Ainsi certaines start-up ont trouvé une solution très ingénieuse. C’est le cas d’Hydrao, une entreprise grenobloise (38). Leur concept ? Les pommes de douches connectées. À chaque palier de 10 litres, le pommeau change de couleur et vous avertit ainsi de votre consommation. Du vert, au bleu jusqu’au rouge, il est maintenant très facile de savoir lorsque l’on dépasse le quota pour une douche économique et écologique. En bref, on sait quand on abuse…

En sortant, il est aussi possible d’avoir l’oeil sur la consommation en temps réel de sa douche grâce à l’application smartphone. Grâce à elle, l’utilisateur est en mesure de comprendre comment réduire son impact et peut voir ses progrès au fil des semaines. Gabriel Della-Monica, le fondateur d’Hydrao, exprimait même l’idée de pouvoir « se challenger » en 2017 sur sa consommation personnelle. À l’époque, sa start-up cherchait déjà à s’exporter hors de France pour toucher d’autres contrées.

Finalement, alors que l’action de se laver coûte environ 680 € par an aux familles de quatre personnes, avec l’innovation d’Hydrao il est possible d’économiser jusqu’à 520 € sur la facture annuelle (selon les chiffres de l’entreprise). Hydrao – comme de nombreuses autres jeunes pousses tournées vers l’enjeu lié aux pommeaux de douches – fait aussi le pari du débit réduit. En proposant des pommeaux qui débitent 6,6 litres par minute contre 11 litres par minute en moyenne en France, les douches sont pratiquement deux fois moins consommatrices en eau.

La douche « perpétuelle » en circuit fermé

De l’eau récupérée par des processus durables et peu exploités. De l’eau économisée via des pommeaux de douche connectés et écologiques. Et maintenant, de l’eau réutilisée après un premier usage ! Sur ce troisième point, plusieurs start-up ont aussi trouvé de belles innovations : c’est le cas d’Ilya par exemple.

Leur concept ? Une douche en circuit fermé, qui permet selon eux, d’économiser jusqu’à 70 % d’eau et d’énergie au quotidien. En bref, quand l’utilisateur passe en mode « cyclique », la douche vient prélever 5 litres d’eau qui seront filtrés, désinfectés et réchauffés avant d’être renvoyés dans le pommeau. Par ce système, l’eau peut être réutilisée encore et encore et promet aux utilisateurs des douches longues, chaudes et respectables écologiquement. Une fois les douches terminées, le système de drainage vient nettoyer les filtres et l’eau est écoulée dans les canalisations.

Les deux cofondateurs d’Ilya, Simon Buoro et Antoine Escande, visent avant tout les hôtels avec leur innovation. « En moyenne, les Français laissent s’écouler entre 40 et 50 litres d’eau par douche. Mais, ça, c’est à la maison. En vacances, on se lâche, il faut compter le double », observait d’ailleurs le journaliste Jean Zeid sur Europe 1, au moment de présenter la start-up. Oui, il y a un véritable travail à faire pour réduire la consommation d’eau dans les hôtels et avec le système Ilya, les visiteurs peuvent toujours retrouver ainsi le plaisir de s’offrir une longue douche d’hôtel tout en restant écolo.

L’idée est tellement bonne qu’elle aura valu à l’entreprise la deuxième place au concours Lépine de 2024. Simon Buoro et Antoine Escande se félicitent du succès rencontré par leur invention pendant toute la compétition. Les deux Toulousains ont véritablement fait l’unanimité.

Se laver coûte environ 680 € par an aux familles de quatre personnes

Recycler l’eau de sa douche, même en milieu contraint

En dernière instance, certaines start-up de la watertech ont planché sur le recyclage des eaux usées. Avec elles, deux objectifs se dessinent : premièrement, éviter l’évacuation de ces eaux sales directement dans la nature. Deuxièmement, le recyclage d’eaux usées en France a encore de belles marges de progression, et ce type d’initiative peut aider le pays à aller dans le bon sens. AquaTech Innovation est l’une d’entre elles. Sur son site, la start-up se décrit comme « une entreprise qui conçoit des produits modulaires brevetés pour économiser l’eau et protéger l’environnement de la pollution issue des eaux usées domestiques ».

Dans les faits, AquaTech Innovation décline son expertise en quatre gammes principales. Les
« Aquacollects » sont des systèmes de réseaux temporaires ou permanents qui servent à collecter des eaux usées sur des terrains contraints. Ainsi dans les campings, les ports ou en altitude par exemple, leur système modulable leur permet de s’adapter à tout type de milieu et de récupérer des eaux usées qui, jusqu’alors, étaient souvent évacuées dans la nature.

La gamme Aquaclear permet ensuite le traitement des eaux grises (l’eau usée dans le cas d’une douche est peu polluée, on parle alors d’eau grise). Ici, la start-up assure un recyclage 100 % biologique de l’eau, même en milieu contraint et « au plus près de son lieu d’émission ». Elle est ensuite évacuée en milieu naturel, conforme à la règlementation en vigueur en France.

Hors des milieux contraints, AquaTech Innovation agit aussi sur la réutilisation des eaux grises à domicile. Avec AquaGreen, la start-up propose à ses clients de récupérer l’eau usée issue des cuisines ou salles de bains afin d’irriguer ensuite les espaces verts autour de la maison. Une double utilisation qui peut s’avérer ultra-bénéfique sur le long terme, surtout en période de canicule.

Les start-up emblématiques de la watertech

Fonto de Vivo, la solution d’urgence contre les pénuries d’eau potable

La start-up fondée par David Monnier en 2017 a créé un purificateur d’eau destiné aux ONG. Cette innovation appelée Orisa permet de filtrer les eaux de pluie, les eaux de surface (ruisseau, fleuve, lac, étang) pour les rendre potables. Avec un système d’ultra-filtration manuel et sans électricité, le purificateur élimine tous les virus et parasites qui pourraient se trouver-là. Au départ, la solution Fonto de Vivo n’avait vocation qu’à être utilisée dans les
pays en développement, où le manque d’eau est parfois dramatique. Mais, depuis 2022 et la canicule qui a frappé la France cet été-là, les commandes se sont littéralement envolées parmi nos concitoyens.

Osmosun, pour dessaler sans polluer

« S’il n’y a plus d’eau potable, on a qu’à filtrer l’eau de mer ! » Oui… mais non. Car dessaler est une solution ultra-polluante à bien des égards. À cause des centrales thermiques nécessaires au procédé, la désalinisation industrielle d’aujourd’hui est loin d’être idéale. Osmosun propose alors une solution bien plus adaptée, car individuelle. Leur offre ? Une station « facile à installer », capable d’un rendement jusqu’à 600 mètres cubes d’eau dessalés par jour et surtout, qui marche à l’énergie solaire. Osmosun ne rejette pas de CO2 et a ainsi pu recevoir le label de la Fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard.

UrbaSense, l’arrosage 2.0

Depuis 2015, UrbaSense propose aux municipalités une manière plus intelligente d’arroser les espaces verts. Avec des capteursconnectés, la start-up a mis au point une solution qui permet d’indiquer le tensiomètre des sols au plus près des plantes. Avec cette donnée, les mairies comprennent mieux comment arroser les plantes et évitent ainsi la surabondance ou les arrosages au mauvais moment. Après les comptes, on estime entre 30 et 70 % les économies d’eau grâce à UrbaSense.

Ombrea, la solution anti-sècheresse

Un système de volets modulables pilotés par l’IA pour laisser à l’ombre les cultures. Voilà le principe d’Ombréa, une start-up familiale créée par Julie Davico-Pahin et son père en 2016. Grâce à ce procédé, on jugule l’évapotranspiration et ainsi, l’eau destinée à arroser arrose vraiment. Résultat ? Environ 30 % d’économies sur l’arrosage. Un gain considérable.

Tanguy Patoux

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