Inondations, sécheresse, hausse des températures… Le réchauffement climatique se manifeste déjà dans notre quotidien. Revoir notre façon de produire et de consommer – entreprises et citoyen·nes doivent jouer leur rôle – pour parvenir à la transition écologique devient essentiel. Pour le climatologue et membre du Giec, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, Jean Jouzel, les jeunes incarnent la pierre angulaire de cette transformation. Une conférence en ligne organisée par France Universités, la Conférence des grandes écoles et la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs s’est tenue le 23 mars en présence de Jean Jouzel – qui a collaboré en février à un rapport, Sensibiliser et former aux enjeux de la transition écologique et du développement durable dans l’enseignement supérieur. En voici le suc.
Transition écologique, nous n’avons plus le temps d’attendre…
J’entends vraiment la transition écologique dans son acception la plus large. Plus qu’une simple transition environnementale, il s’agit d’une transition sociale, culturelle et économique. Bref, une transition complète de la société ! Il y a urgence, plus que jamais. Il suffit de regarder les derniers rapports du Giec. Les trois prochaines décennies seront cruciales [l’objectif de neutralité carbone est prévu pour 2050, ndlr]. Alors oui, cette transition socioécologique nous concerne toutes et tous. Sans doute encore davantage notre jeunesse. Soit les jeunes réussiront cette transition, soit ils la subiront. Mais ils n’y échapperont pas. C’est pourquoi 100 % des étudiant·es bac +2 doivent être formé·es à la transition écologique d’ici à 5 ans.
Comment former ces jeunes ?
On ne part pas de rien, heureusement des établissements d’enseignement supérieur sont déjà actifs sur la transition écologique. Aujourd’hui, s’il ne fait rien dans ce sens, plus aucun directeur d’établissement n’ose le dire ! Concrètement, il faut instaurer 6 ECTS [crédits européens d’enseignement, ndlr] durant les deux premières années. Peu importent les filières. Ce critère doit prendre une place notable dans l’évaluation des établissements. J’espère que les jeunes y seront attentifs, pour aboutir à un cercle vertueux. Surtout, grâce à ces enseignements, on pourra entrer dans la vie avec une connaissance plus fine des enjeux liés à la transition écologique. Les jeunes d’aujourd’hui piloteront les entreprises de demain. En parallèle, les programmes du secondaire évoluent aussi dans ce sens. Indispensable d’assurer une continuité entre le primaire, le secondaire et le supérieur. On doit aussi s’atteler à la formation des enseignants. Lesquels ont tout intérêt à créer des modules et des enseignements ensemble – mutualiser des cours par exemple. Je crois à une démarche volontariste de la part de tous les acteurs. Les jeunes exigent cette transition. Enfin, la formation à la transition écologique ne s’arrête pas à l’enseignement supérieur. Elle se poursuit via, entre autres, la formation continue. Et plus globalement tout au long de la vie.
Synthèse des propos, Geoffrey Wetzel