Le renouvelable n’est plus seulement une solution d’avenir, mais c’est bien un levier de transition du présent. Et les sources d’énergie qui s’y rattachent connaissent un essor exponentiel depuis une quinzaine d’années. Pour autant, les progrès restent en deçà des objectifs ambitieux fixés par la France et l’UE, et d’aucuns jugent les énergies renouvelables trop dépendantes des éléments naturels ou trop peu efficaces. Là réside l’enjeu pour installer durablement les énergies renouvelables comme sources (quasi) majoritaires : booster leurs capacités de production et investir au sein des filières.

Les énergies renouvelables tricolores progressent. Mieux, elles tendent à s’imposer comme un pilier du mix énergétique, tant en production qu’en activité et emploi. Selon le ministère de la Transition écologique, les énergies renouvelables (ENR) représentent 19,1 % de la consommation finale brute d’énergie en France en 2020 (et près de 13 % de la consommation d’énergie primaire – produits énergétiques non transformés), et sont à l’origine de 8,6 milliards d’euros d’investissement en 2018 et de 68 000 emplois en équivalent temps plein. Des résultats atteints après 15 ans d’essor fulgurant : depuis 2005, la production d’énergies renouvelables a progressé de 70 %, pour atteindre, en 2020, 23,4 % de la production d’électricité en France, selon RTE France.

Contrairement aux énergies fossiles, et même à l’énergie nucléaire récemment, les ENR sont en constant progrès : la production éolienne est en hausse de 17,3 % entre 2019 et 2020, pendant que la production hydraulique augmente de 8,4 %. Dans le détail, les ENR englobent une dizaine de filières : hydraulique renouvelable, éolien, solaire thermique ou photovoltaïque, géothermie, pompes à chaleur, biomasse solide, déchets renouvelables, biogaz, biométhane, biocarburants. Autant de filières à développer, en misant en priorité sur les plus performantes (hydraulique, éolien, solaire, bio masse…). D’autant plus que, si la France se place au deuxième rang européen pour la biomasse solide, l’hydroélectricité ou les déchets renouvelables, elle n’occupait en 2019 que la 17e position sur les 27 pays de l’UE, en termes de consommation d’ENR.

Énergie éolienne : la solution offshore ?

Selon le baromètre 2021 des énergies renouvelables publié par Observ’ER, l’éolien français représente, en 2020, 22 600 emplois directs et indirects, un chiffre d’affaires de 5 702 millions d’euros et une puissance installée de 18 544 MW (mégawatts). Si l’énergie éolienne compte pour 10 % de la production électrique tricolore, l’éolien terrestre est « de plus en plus en retard sur sa trajectoire de développement », selon le baromètre, bien que la France se classe 3e des 27 pour la puissance éolienne raccordée derrière l’Allemagne et l’Espagne.

Reste que pour atteindre son objectif en 2023, l’hexagone devra plus que doubler la capacité installée actuellement chaque année. Or l’installation d’éoliennes est de plus en plus soumise aux débats citoyens et à l’opinion publique. Entre obstacles administratifs, oppositions politiques et oppositions des riverains aux projets, les points de friction ne manquent pas. Pour redonner un nouvel élan à la filière, l’éolien offshore s’affirme au cœur de la stratégie, avec en ligne de mire l’objectif de 18 000 MW d’éolien en mer en 2035, contre 3 720 MW aujourd’hui. Et pour cause, avec 11 millions de km², la France détient la deuxième surface maritime mondiale.

Énergies hydraulique et solaire : filières modèles ?

La filière hydraulique est la première source de production d’électricité renouvelable du mix français, avec une puissance installée de 25 984 MW et une production électrique de 62,2 TWh (térawatt-heure) en 2020, soit 13,5 % de la consommation nationale annuelle. Sur l’ensemble du territoire, on dénombre plus de 2 300 centrales hydroélectriques, dont 95 sont des grands barrages. Pourtant, quoique la filière rassemble quelque 12 000 emplois directs et s’affirme comme un outil de stockage d’énergie incontournable, des questions se posent sur son potentiel d’évolution. En premier lieu car la plupart des sites exploitables ont été équipés au cours du siècle dernier et que l’agrandissement de ces infrastructures impliquerait des impacts environnementaux.

Dans ce contexte, l’objectif pour 2028 reste mesuré avec 26,4 GW de puissance installée (contre 25,9 aujourd’hui). De son côté, le photovoltaïque, l’exploitation de l’énergie solaire, présente des chiffres au beau fixe. Selon le baromètre des ENR, la filière va pour la première fois « dépasser les 2 GW de puissance unitaire supplémentaire raccordée en une année ». Une dynamique bienvenue, à même d’« entrer dans les clous » des objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). À cette heure, le photovoltaïque français produit près de 13 400 GWh et représente une puissance de 13 231 MW, soit environ 2,5 % de la production électrique totale annuelle. Et les objectifs de court et moyen terme sont ambitieux : 20,1 GW de puissance à fin 2023, 35,1 GW à 44 GW d’ici à fin 2028.

Hydrogène, levier de transition

Pour rappel, la loi relative à la Transition énergétique pour la croissance verte fixe comme objectif un taux de 32 % d’ENR dans la consommation finale d’énergie et de 40 % dans la production d’électricité en 2030. De quoi, pour l’hydrogène, constituer un levier de transition de choix et un outil de transition énergétique pour une nouvelle mobilité et vers la neutralité carbone à l’horizon 2050. Et pour cause, grâce aux récents progrès de la technologie de l’électrolyse, l’hydrogène sera désormais produit de façon décarbonée. C’est également une solution pour le stockage de l’énergie électrique et un « carburant » d’avenir pour les transports.

Pour soutenir son développement, le Plan hydrogène présenté par le gouvernement dans le cadre du plan de relance vise à faire de ce gaz décarboné « l’énergie d’avenir de la France », grâce à une enveloppe de 7,2 milliards d’euros d’ici à 2030. L’objectif : ériger la France en leader mondial de la production d’hydrogène « vert » rentable grâce à une capacité de 6,5 GWh d’électrolyseurs, et en démocratiser les usages, notamment en matière de mobilité lourde. Une stratégie qui s’inscrit également dans une démarche résolument européenne, incarnée par le lancement en décembre 2020 d’un projet d’intérêt européen commun (Piiec) sur l’hydrogène. Pensé come une rampe de lancement pour l’hydrogène décarboné européen, ce Piieca abouti, en mars 2022, à la présentation des 15 premiers projets français sélectionnés. Comme le reste des énergies renouvelables et « propres », l’hydrogène ne tient pas en place.

Adam Belghiti Alaoui

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