Les technologies numériques sont partout. Elles sont devenues indispensables à notre quotidien mais cette dépendance a un coût et pas des moindres. En 2022, le secteur représentait 2,5 % de l’empreinte carbone de la France, c’est plus que le secteur des déchets (2 %), selon l’Ademe. Dans ce contexte, leurs utilisations soulèvent de nombreuses questions écologiques mais aussi éthiques concernant nos pratiques numériques quotidiennes.
Tous les jours, sans le savoir, nous polluons la planète en utilisant nos ordinateurs et nos téléphones portables. En moyenne, on dénombre 10 équipements numériques par foyer en France en 2022, selon l’Arcep. Une population de plus en plus connectée que ce soit sur les réseaux sociaux, les navigations sur le Web, les achats en ligne, le visionnage des films ou séries. La révolution numérique s’est installée et se développe à grande vitesse au sein de nos sociétés. On parle désormais d’intelligence artificielle ou de robots multitâches, l’essor de ces nouvelles technologies du numérique est le reflet de cette transition qu’est en train de connaître le monde entier. Une avancée pour le milieu de la tech mais un recul pour celui de l’environnement ? Car si la technologie est un poison invisible car immatériel, ses dégâts, eux, sont bien réels. Selon une étude de l’Ademe (l’Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie) et de l’Arcep (l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), le secteur du numérique représentait 2,5 % de l’empreinte carbone de la France en 2022, soit plus que celui des déchets (2 %).
Le numérique : un poids pas si léger pour l’environnement
Aujourd’hui, la pollution numérique atteint des sommets. Source de pollution encore trop souvent ignorée, les technologies ont une empreinte environnementale conséquente. Toujours selon la même étude, 10 % de la consommation électrique annuelle vient des services numériques. Dans le détail, cela représente l’équivalent de la consommation électrique d’un radiateur de 1 000 W alimenté sans interruption pendant 30 jours ou encore le même impact écologique qu’un trajet de 2 259 km en voiture.
L’industrie produit 20 millions de tonnes de déchets par an sur l’ensemble du cycle de vie des équipements soit 299 kg par habitant et 62,5 millions de tonnes de ressources sont utilisées par an pour produire et utiliser les équipements numériques. Mais c’est sans doute sa phase de fabrication qui pollue le plus car celle-ci demande l’importation de nombreux métaux rares effectués dans des pays où le mix énergétique est fortement carboné. Elle représente 78 % de l’impact environnemental du numérique sur les émissions de gaz à effet de serre alors qu’un cinquième concerne la phase d’usage. Plus spécifiquement pour les outils numériques, ce sont les terminaux (téléviseurs, ordinateurs, tablettes) qui polluent le plus, 65 % à 90 % de l’impact environnemental.
L’empreinte carbone pourrait presque tripler en 2050
Selon une dernière étude de l’Arcep en 2023, qui suit l’évolution actuelle du numérique, les émissions de gaz à effet de serre pourraient augmenter de 45 % en 2030 et tripleraient à l’horizon 2050 (+187 %). La tendance est similaire pour les ressources utilisées pour la conception qui s’élèverait à +38 % en 2030 et +179 % en 2050. Un constat identique pour la consommation d’énergie finale qui atteindrait les +79 % en 2050 et +59 % pour la consommation de métaux et de minéraux (extraits de la nature). Les estimations montrent également qu’il y aurait environ 50 milliards d’objets connectés en 2030 soit 50 fois plus en 15 ans. Des prédictions qui sont loin d’être rassurantes pour le pays qui a émis 403,8 millions de tonnes de CO2 en 2022 sur tous les secteurs confondus. Pour rappel, le gouvernement s’est fixé comme objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre à 270 Mt de CO2 pour 2030.
Où se classe le numérique parmi les secteurs les plus polluants ?
Bien que les études et les chiffres dépeignent un visage nuisible du numérique, il n’est pas le secteur qui pollue le plus, loin de là. En 2022, selon une étude de Citepa, c’est le transport qui arrive en tête avec 130,3 millions de tonnes de CO2 soit 32 % au total, suivie par l’industrie (18 %), l’agriculture (19 %), le bâtiment (16 %) et l’énergie (11 %). Si avec ses 2,5 % le numérique se classe loin derrière les autres secteurs, il n’en est pas moins un domaine qui doit également se mettre au vert car il ne représente pas moins de 16,9 millions de tonnes de CO2.
Mais quelle solution pour réduire son empreinte ? Faut-il revenir à l’époque où l’utilisation du papier prédominait ? Avec l’arrivée du numérique, beaucoup ont vu un moyen de réduire l’impact environnemental du papier vu comme un destructeur des forêts. Mais aujourd’hui la tendance s’inverse avec l’émergence du papier recyclé, le papier certifié et labélisé issu de forêts gérées durablement ou les encres à base d’eau ou de végétales. Avec des coûts de fabrication qui sont plus faibles pour le papier, 7,46 kg de CO2 contre 168 kg de CO2 pour une tablette (selon une étude menée par Cleantech), le papier remonte dans les sondages. Mais pour autant, supprimer totalement le numérique reviendrait à réduire considérablement les avancées technologiques. Alors comment faire ?
Vers une consommation numérique plus responsable
Avec des résultats encore trop élevés en matière de pollution, nos pratiques numériques doivent changer. Mais pour atteindre cette sobriété numérique, des efforts doivent être faits par tous les acteurs. Cela passe par un changement dans nos habitudes de consommation, avec la nécessité de prolonger la durée de vie des équipements en les réparant si besoin et favoriser l’utilisation de produits reconditionnés. Pour un usage plus sobre, il est aussi conseillé de se tourner vers des produits moins énergivores. Des réflexes simples comme basculer son téléphone en mode Wifi, éteindre sa box Internet la nuit, réduire les pièces jointes dans les mails ou encore éviter de stocker trop de données sur un cloud. Des astuces qui permettront de réduire drastiquement son empreinte carbone.
Clara Seiler










