L’usé, le reconditionné ou le comme neuf entrent dans les pratiques. Le marché de la seconde main progresse en France inexorablement. Vous n’achetez plus seulement du neuf et… vous n’hésitez pas à revendre vos affaires. Le commerce entre dans une autre ère. Et les enseignes prouvent leur adaptabilité. Un « nouveau consommateur », du reste le slogan de l’enseigne Aldi, est né. Il se profile à travers la multiplication des plates-formes conçues pour connecter les particuliers entre eux, entrepreneurs de leur consommation. Places de marché, sites de ventes et d’échanges, enchères en ligne, la seconde main triomphe. Le commerce traditionnel s’en est vite aperçu ! Une récente étude de l’Observatoire du Cetelem, consacrée à l’économie circulaire, révèle que 85 % des Européen·es jugent cette économie circulaire bénéfique à l’environnement et aux ressources naturelles. Seuls 35 % d’entre eux et elles la prennent pour un effet de mode.

Vendre pour prolonger

Lancée en 2021, la plate-forme Everide signe un concept vertueux : on y achète et vend des produits dédiés aux sports de plein air. Bien sûr de seconde main. Plus de 40 000 pratiquants d’outdoor n’hésitent pas à s’équiper de skis, de sacs à dos ou de chaussures de trail aux prix diminués de 60 %, ce qui leur vaut un bilan carbone divisé par six.

Ce consommateur qui vend n’est plus regardé comme celui ou celle qui achève le cycle de vie d’un produit en décidant de s’en débarrasser. Mais comme un acteur conscient des enjeux écologiques en train de favoriser la circulation des objets pour en prolonger la « vie ». Reconditionner, récupérer, réparer, louer… À l’évidence, l’économie circulaire, porteuse de promesses, trace une potentielle transformation structurelle de la consommation. Sa notoriété et ses pratiques ne cessent de s’accroître.

Une résurgence quasi « naturelle » d’une tension sur les prix

Carrefour, Auchan, Système U… De nombreuses grandes surfaces proposent désormais à leurs clients de déposer leurs anciens vêtements. Ils sont triés, remis en vente. En échange d’un sac rempli, le donneur reçoit un bon d’achat. Cette fois, ce mode de consommation de seconde main est motivé par sa dimension économique : le déposeur cherche à dépenser moins. Ces deux « carottes », financière et écologique, potentialisent la seconde main. Six Européen·es sur 10 déclarent avoir vendu des biens d’occasion au cours de l’année.

Les Français, eux, gagnent en moyenne 67 euros par an, grâce aux produits revendus. Dans un pays où le pouvoir d’achat entre en tension, on saisit cette chance de payer moins cher et de récupérer de l’argent facilement en vendant ce dont on ne veut plus. Vinted le dit : « Tu ne le portes pas ? vends-le ! » Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem, l’exprime clairement : « Le contexte de résurgence de l’inflation engendre une attention encore plus grande au pouvoir d’achat, ce qui, incontestablement, fait de l’économie circulaire une des clés des nouveaux modes de consommation. »

Démarche responsable

Les enseignes du textile auraient pu redouter pareil engouement pour l’occasion. Bien au contraire, elles s’adaptent à une vitesse étonnante. Cache-Cache, Bréal, Caroll, Morgan, H&M, Kiabi, Promod, bien d’autres encore inaugurent des rayons seconde main. À Saint-Julien-les-Villas, près de Troyes dans l’Aube, déjà haut lieu de la marque dégriffée, Petit Bateau a inauguré sa nouvelle boutique entièrement dédiée aux vêtements de seconde main pour enfants. La marque inscrit son canal de vente dans son programme RSE baptisé Changer demain, axé sur quatre piliers : l’économie circulaire, l’empreinte environnementale, la fabrication responsable et la mission de reconnecter les enfants avec la nature.

Bien au-delà de la simple opportunité commerciale, la marque se donne des missions. Aujourd’hui, le marché de la mode de seconde main se valorise 1,2 milliard d’euros en France, pour une croissance de 15 à 20 % par an au cours des cinq ans à venir. Il attire un public de plus en plus large, notamment une clientèle jeune. Et ne concerne pas seulement un prêt-à-porter loin des enseignes de luxe, un monde un temps méfiant à l’encontre de l’économie circulaire, mais qui ne veut plus passer à côté, ébranlé par son image de grand pollueur : l’industrie de l’habillement émet 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre chaque année, 10 % des émissions de gaz à effet de serre mondiaux. Le public en est conscient.

Autre modèle

Les objets déco de seconde main à leur tour se montrent de plus en plus plébiscités. Brocantes, vide-greniers, platesformes de revente ne sont plus voués aux parkings ou aux places louées dans les rues pour les braderies. Ce secteur ne cesse de s’implanter dans divers commerces grâce à une forte demande de la part de consommateurs soucieux d’adopter un mode de vie réellement respectueux de l’environnement. Nous entrons dans un autre modèle.

Ezzedine El Mestiri

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